Mensch, wo bin ich?

Aaah, bon Dieu, ça faisait mal au crâne. Je me ressaisis. Le monde autour de moi est trouble. Peut-être parce que je n'avais pas mes lunettes. Humpf. Je me relève et me rassied dans le fond de mon siège synthétique. L'odeur m'était familière. L'autoradio tournait sur du Radiohead. The End. Paradoxal pour un tel commencement. J'étais donc dans ma petite voiture de prof de philo. Je passe une main sur mes yeux et m'appuie un moment sur le volant. Puis, machinalement, je passe une main aveugle sur le tableau de bord et par terre. Au bout d'un instant, je touche une monture métallique. Ah. Enfin sur mon nez, je vois parfaitement bien. Je cligne un moment des yeux pour que ma vue s'ajuste au paysage. Je jette un coup d'oeil au rétroviseur.

Un visage pâle, un peu allongé, des yeux bouffis de fatigue, un nez fin à l'arrête cassée, des cheveux coiffés n'importe comment... Aucun doute. C'était bien moi. Mes phalanges étaient écorchées et le long de ma bouche et de mes narines, un fin filet de sang qui commençait à coaguler. J'étire ma nuque. Ca craque.

Le paysage maintenant. Je défais ma ceinture de sécurité et éteins la radio, réduisant Thom Yorke au silence. La clé de contact se retrouve dans ma poche. La poche d'un blouson de cuir noir. Hum, oui, comment étais-je habillée? Comme à l'accoutumée, jean sombre parcouru de chaînes d'acier, rangers noires, chemise noire... Bien, si je pouvais mettre quelque chose dans ma poche, cela signifiait qu'il y avait peut-être déjà quelque chose dedans.

Dieu merci, j'avais réussi à emmener avec moi un paquet de cigarettes et un briquet. Je m'extraie de la voiture. A travers le carreau un peu sale (oui, je remettais le nettoyage de la voiture pour le lendemain et alors?), j'aperçois mon sac et mes cours soigneusement pas rangés. Pourquoi tout ce sang, sur mes paumes, sur mon visage, pourquoi cet hématome? Hum, c'était simple visiblement.

Ma voiture venait de se prendre un reverbère. Et salement. Tout l'avant était plié. Mon Dieu, j'aurais dû mourir suite à un tel choc... Bon, il n'y avait plus grand chose à tirer de la clio verte que j'avais chèrement acquise. Merde.

Je fais quelques pas. Le monde vacille et un goût cuivré monte dans ma bouche. Je m'accroche à la carlingue de ma voiture et vomis un mélange peu ragoûtant de sang et de bile. Une raideur musculaire. Ah non, pas maintenant. J'ouvre précipitemment la porte arrière de la voiture et jette mon sac sur le sol. Je fouille fébrilement, virant feuilles de cours et futures feuilles d'enseignement... Ah. J'en avais encore. Je déchire avec les dents l'emballage de plastique et enfonce l'aiguille dans mon avant-bras, comme une junkie en manque. Mais non. J'étais simplement en état de stress. Le mélange d'adrénaline et de minéraux me donnent une claque. Je me ressaisis pour la deuxième fois.

Bon, je ramasse le tout et me rince la bouche avec une bouteille d'eau. Un nouveau coup d'oeil autour de moi. J'étais donc garée comme une merde (enfin plutôt accidentée comme une merde) sur ce qui ressemblait le parking d'un campus. Là, le bâtiment lettres, qui se confondait avec le bâtiment science, le département magie...

Hein? Le département magie?

Ouhlà, je ne tenais plus debout. Et pourtant je n'avais rien bu. Etait-ce ça, Midgard? Y serais-je parvenue?

Encore un matin, un matin sans calin... Et j'avais décidée une fois n'est pas coutume de faire ma peteuse au volant de ma Mustang. Une Shelby de 1976. Blanche avec deux raies bleus. La classe totale. Geniale voiture. Vehicule de sport et de compet... Et aussi de collection. Dan ce monde la, je pouvais l'utiliser sans probleme.

Un leger sourire, je me garais sur le parking, je n'avais pas cours aujourd'hui, mais j'irais a la bibli pour faire quelques recherches, et je passerais peut etre au gymnase m'entrainer. Ouais... Pas con.

Sortant de ma voiture, j'attrapais ma besace et remarquais une scene incomune, une voiture, clio verte aurais je dis, encastrée dans le lampadaire. Je m'approchais a pas lent, on ne savait jamais, je n'avais pas vraiment envie que ca m'explose a la gueuel... Hein... Fallait pas risquer le diable.

Il y'avait une jeune femme qui en etait sortie visiblement en etat de choc. Ou tout simplement une simple paummée... Enfin qu'en savais-je ? Je n'etais ni concierge, ni sociable alors bon...

Du coin de l'oeil je la voyais s'occuper d'elle avec une seringue... Junkie ? Tiens... C'etait surprenant... On avait de tout remarque sur le forum. Mais elle ne collait pas vraiment a l'image... Enfin, la barbe ne fait pas le philosophe n'est ce pas ?

Regardez moi, baggy blanc, top noir, cravate grise. La Classe... Mais, rien de la prof que pourtant j'etais.

Je m'approchais d'elle, les yeux gris acier... comme bien souvent. Et osais enfin parler.

- Vous avez besoin d'aide?

Mes sens me revenaient, j'avais échappé à la crise... Mais pour combien de temps? Et si ça se trouvait, je ne pourrais même pas me soigner dans ce monde... J'appuyais un instant sur la petite pointe rouge qui s'étalait sur mon avant-bras, déjà parcouru de ce genre de cicatrices. Bordel, ces derniers temps, ça empirait. Est-ce que je pourrais tenir les cours? Difficile à dire...

Je respire de grandes bouffées d'air, tâchant de controler ce corps qui agissait comme s'il ne m'appartenait pas. Lors de certaines crises, je ne parvenais pas à me rappeler des évènements. Les yeux fixés sur le ciel gris, j'attendais que ça passe. Jusqu'à ce qu'une voix me fasse sursauter, m'arrachant à mes pensées focalisées sur autre chose que sur la douleur.

M'aider? Euh... Pourquoi pas? Mais je crois que le pire était passé.

- Bonjour.

Je m'arrachais un sourire douloureux, les dents serrées et ensanglantées. Un nouveau vertige. La jeune femme en face de moi était habillée très classy, peut-être une étudiante, mais la sagesse que je lisais dans son regard l'éloignait de tous les autres étudiants que j'avais connu. Peut-être une prof. Certes, l'habillement était un peu étonnant pour un enseignant (quoique j'avais vu à la Sorbonne bien plus extravagant et incongru). Et puis, à regarder mon propre physique, je ne pouvais pas être taxée de mieux. J'hésitais à lui tendre la main, un peu sale, un peu sanglante. Je m'inclinai.

- Je m'appelle Alexiane Van Heidegger.

Je désignai ma clio verte par-dessus mon épaule.

- Et je viens d'arriver. Pourtant, ça fait déjà quelques années que j'ai le permis. A vrai dire, je suis nouvelle ici.

Je ne savais pas comment m'expliquer. Etait-elle une native de cet univers, ou un élément "importé" comme moi?

- Et malheureusement, j'ai comme l'impression que... Je n'ai plus rien qui a besoin d'aide, puisque je vais à peu près bien. Et que rien ne me rendra cette voiture, à part si vous avez une correspondance Swiz Life, quelque part dans le coin.

Oui, l'humour pour tâcher de garder le contrôle. J'étais une adepte de cette pratique. Un ton léger dans des conditions bizarres. Une nouveau sourire.

La Jeune femme, enfin si ca en etait une, semblait totalement perdue. Etait elle arrivée ici par hasard ou par erreur? Savait elle où elle etait ? Diable... J'allais devoir servir de concierge. Encore.. Luka Van H professeur de civilisation renomé et ... Enfin qu'importe. Je n'allais tout de meme pas la laisser en plan comme ça. J'etais trop .. Adorable.

Adorable? Qui tu veux leurer ?
Je ne leure personne a part toi.
Coucou Luka. Ici ta terre, tu te souviens de qui tu es.
Tais toi.
Mais... Non. Je ne me tairais que si tu me tue. Et si tu me tue , tu te tue.

- Bonjour.

Je secouais un peu la tete pour sortir de mes pensées, et je la fixais de mon regard gris clair.

- B'jour.

Elle s'inclinait a demi devant moi, et je remarquais son malaise. Elle ne semblait pas... En excellent etat dirons-nous. A vrai dire elle semblait meme assez mal en point, mais on le serait a moins en sortant d'un tel accident... Enfin je suppose...

A part toi...

- Je m'appelle Alexiane Van Heidegger.

Je lui tendais la main et regardais par dessus son epaule. Sa clio vert bouteille etait encastrée dans le reverbere.

- Vous inquietez pas, les accidents arrivent a n'importe qui. Ca ne va pas trop plaire au doyen, mais bon, il n'est jamais la de toute façon...

Un leger rire, je repensais a notre doyen fantome..

- Y'aura bien un eleve, ou un prof kinetique qui vous reparera tout ça, je demanderais a Juliet, c'est un excellent element au cas où.

Et voila , Luka , gentleman devant l'eternel, en train d'aider la veuve, la paumée et l'orpheline... Aherm.

- Au fait, je m'appelle Luka Van H.

Si elle venait de terre, elle avait probablement entendue parler de moi. Si non... Probablement aussi. Hey. J'etais... Luka Van H.

Et les chevilles...

- Vous vennez de terre?

Terre? Luka Van H? Hein? L'écrivain? Le...

Ces pensées se confondaient dans ma tête. Je serre sa main, certes, mais plutôt comme si je me raccrochais à elle. Mensch, ce n'était pas correct. Je la lâche et tente de retrouver mon équilibre.

- Je... euh... Enchantée...

Un nouveau sourire douloureux.

- J'ai... J'ai déjà dû vous lire... Quelque part. A... En France... A la BU de la Sorbonne, oui...

Un nouveau vacillement, comme la flamme dans la tempête. Je tends mes mains devant moi, compte les doigts (un deux... six douze... dix, le compte est bon).

- Désolée, le transfert... N'est pas si simple que ce que je pensais...

Non, je vous jure, je n'étais pas bourrée... J'avais envie de le dire, pour regagner un peu de crédibilité à ses yeux. En plus... En tant que future prof, ce n'était pas terrible terrible... Je me retourne, ouvre la portière de la clio et m'assied sur la banquette arrière. Je prend ma tête dans mes mains.

- Euh... Pour la voiture... J'aurais qu'à appeler les flics, ou la fourrière... Faut pas déranger les gens pour ça...

Je relève la tête, déterminée.

- Je... Je suis épileptique. Depuis toute petite. Alors... En cas de crise, j'ai toujours... Une sorte d'attitude étrange. Je vous jure que je n'ai pas consommé de substance illicite.

La perception me revenait quand même. Mais il ne fallait pas que je bouge de trop. Sinon... C'était la tartine sur le sol assurée.
Cette fois, mon sourire n'est pas forcé par la douleur.

- Pour une prof, ça le ferait pas.

Je glisse une cigarette entre mes lèvres. J'avais besoin de ma décharge quotidienne de nicotine. Je fouille mes poches un moment, ne trouve pas le briquet. Une fois que je le sors, il saute d'entre mes mains et atterrit sur le sol. J'esquisse une moue. Impuissante. Paf la flaque d'eau.

- Excusez-moi... Vous n'auriez pas du feu, lui demandai-je en tournant lentement mon visage vers elle, une lueur d'excuse dans le regard.

- 'chantée egalement.

Je machonnais nonchalement un bout de gomme, quelque peu amusée par son attitude...

- J'ai... J'ai déjà dû vous lire... Quelque part. A... En France... A la BU de la Sorbonne, oui...

- Je vois.

Pas un mot de plus a ce sujet, il etait frequent que les terriens m'aient lu. J'etais celebre aprés tout. Hein ? Luka Van H... Ecrivain renomé... Enfin... J'en avais marre de ce blabla de pretentieuse... Je ne l'etais pas. Enfin, qu'un peu...

- Euh... Pour la voiture... J'aurais qu'à appeler les flics, ou la fourrière... Faut pas déranger les gens pour ça...


Un hochement de tete, je lui lancais une sorte de sourire.

- Laissez, ça permettra aux gosses de s'amuser.

Les gosses... Qui je voulais leurer, les 3/4 etaient plus vieux que moi... Plus... mature aussi.

Elle me parla de son epilepsie

- Je vois. Enfin vous iquietez pas, on carbure a ce qu'on peut.

Un leger rire, je plaisantais, mais je ne plaisantais qu'a demi... Et je la regardais d'un air amusé lutter avec son briquet.

Un regard mal assuré elle me demande du feu, mon sourire se fit plus franc. Je m'approchais d'elle et passais une main sous sa clope l'allumant sur le coup.

- Et voila.

Leger rire, je regardais le batiment.

- Je peux vous mener jusqu'a la salle des profs si vous voulez.

Un bref coup d'oeil à ma monture depuis déjà quelques années. Bon, si ça pouvait amuser quelques personnes autres que mon assureur (merde, le constat), c'était parfait. Je décharge les quelques affaires que j'ai dans le coffre, c'est-à-dire un pauvre sac de sport, quelques livres annotés en allemand et une autre veste.

Tout en refermant le coffre, je souris à la jeune femme.

- Ce n'est plus trop dans mes habitudes de me doper aux stupéfiants.

Mouais, ça l'avait été dans ma jeunesse. Mais bon, un peu comme tout le monde. Et puis, il ne fallait pas oublier que j'étais une suicidée. (mais non pas aux médicaments ! J'vous ai vu, au fond de la salle ! Retirez ça !). Je n'avais jamais été irréprochable. Et je ne revendiquai rien qui n'aille dans un autre sens.

Elle alluma ma cigarette d'un étrange mouvement de la main. Wow, voilà qui était pratique. C'était la première fois que j'étais témoin de ce genre de magie.

- La plupart du temps, j'ai à faire avec des démons. Mais ils ne m'allumaient jamais ma cigarette, dis-je, presque boudeuse.

Je serais bien incapable de faire ça, moi, pauvre humaine.

Elle proposa de m'amener à la salle des profs. Je fixai mon reflet dans le rétroviseur.

- J'espère qu'il y a des toilettes, histoire de me décrasser un peu.

Un sourire amical. Je la suivis. A sa hauteur, j'hésitai à lui poser une question. Tant pis, si elle ne me répondait pas, ce serait justifié.

- Excusez-moi, quel type de magie maîtrisez-vous? Je n'avais jamais vu ça auparavant.

Un leger sourire sur mes levres, elle sous entendait avoir été adict a un moment ou a un autre... Oh... Grand bien lui en fasse, je n'etais pas jeune femme a juger les autres. Je n'etais pas non plus irreprochable. Mais les seules lignes que je ne m'etais jamais tapée etaient des lignes noir d'encre sur du papier Oxford...

Enfin qu'importe. Mon petit tour de magie semblait l'avoir surpris... Oh... Pourtant moi, j'y etais habituée depuis le temps. Ca m'avait presque paru naturel de faire ainsi. Et pourtant... Visiblement ça ne l'etait pas.

- La plupart du temps, j'ai à faire avec des démons. Mais ils ne m'allumaient jamais ma cigarette,.

Un petit rire.

- Vous n'avez pas du leur demander gentiment.

Pourtant malgré moi, le "demon" m'avait un rien choqué. Je n'etais pas une de ces creatures... Ou peut etre que si.

Moi je le suis.
Toi , tu es une assassin Krystéhal.
Je sais... Et toi aussi du coup.
Je n'ai jamais commis la moitié du quart de tes crimes.
Toi, tu detruis leurs coeurs... Moi je leurs arrachais.
Tais toi maintenant.

Un soupir, je secouais un rien la tete pour faire taire mes voix interieures. Et j'essayais d'ecouter la conversation.

- Oui oui, toilettes, sale de bain... Vous aurez tout.

Un petit rire, nous commencions a marcher.

- Excusez-moi, quel type de magie maîtrisez-vous? Je n'avais jamais vu ça auparavant.

Ah... Tiens... Elle m'avait posé la une putain de question... A la quelle je ne savais pas vraiment quoi repondre.

- Je ne pourrais vous l'expliquer.

Un soupir.

- Disons que le feu est un trés bon allié.

Quelques pas encore, nous arrivions devant la salle des profs.

- Et voila ?

- Bah en temps normal, je vais vous avouer que je n'ai pas trop eu le temps de faire plus ample connaissance avec eux.

Un sourire en coin, quand je repensais à la chasse au démon de ma prime jeunesse. Les traques, qui duraient si longtemps, les planques, les affrontements, à coup d'eau bénite, de balles sacrées à base de relique, voire même les combats à mains nues... Ca c'était la belle vie, avec de l'aventure, de la violence, du sang...

Ouhla, stop. Les vieux démons remontaient justement. Je serre mon poing, enfonçant dans ma paume mes ongles jusqu'au sang. Non, oublions cela. J'étais désormais responsable dans un département, ce que je voulais faire depuis toujours et ce que j'aurais fait plus tôt si il en avait été autrement.

Malheureusement, on ne choisit pas certains accidents. Mais bon, on vit avec et plutôt bien.

Mais apparemment, la jeune femme avait pris mon évocation de démons pour elle. Ce qui n'était pas le cas.

- Ne prenez pas cette remarque pour vous. Les démons que j'ai combattu sont... l'exacte opposé de votre physique, des créatures immondes et putrides, qui puaient l'enfer à dix lieues à la ronde. Ce qui n'est pas votre cas. je vous rassure.

Elle m'assure qu'il y a tout ce dont j'ai besoin. Salle de bain, toilettes... Bon, de quoi me refaire une beauté. Je n'osais même pas passer une main sur mon visage, de peur d'étaler le sang. Nous arrivons dans l'établissement. Je suis un peu intimidée, restant dans l'ombre du professeur Van H.

- Vous enseignez quoi déjà?

*trou de mémoire*

- Bah en temps normal, je vais vous avouer que je n'ai pas trop eu le temps de faire plus ample connaissance avec eux.

Un leger rire. Visiblement elle avait l'habitude des forces du mal. Tant... mieux pour elle? Exorciste ? Chasseuse ? Qu'en savais-je ? Voulais-je savoir ? Non... Pas vraiment. Elle avait sa vie, son passée... Et moi. J'avais le mien. J'avais un futur a present... Enfin, plutot un present. Mon futur etait incertain...

Tu m'etonne qu'il l'est. Quand on est folle comme toi.
Tais toi Krystéhal.
Assume moi, et je te lacherais un peu.
TAIS. TOI.
Je n'ai pas envie... Alors qu'estce que tu vas faire. ?
Te tuer... Un jour...

Ah tiens, elle parlait, je secouais un peu la tete pour me concentrer sur ses paroles.

- Ne prenez pas cette remarque pour vous. Les démons que j'ai combattu sont... l'exacte opposé de votre physique, des créatures immondes et putrides, qui puaient l'enfer à dix lieues à la ronde. Ce qui n'est pas votre cas. je vous rassure.

J'esquissais un petit rire.

- N'vous inquietez pas, je ne me vexe pas; Demon n'est pas la pire des injures que j'aurais pu entendre;

Je lui lancais un sourire desabusée... Je l'etais. Desabusée j'entend. J'avais vécu, j'avais subi, j'avais souffert. Mais tel etait le cycle de la vie aprés tout. Le cycle de ma vie.

Quelques pas dans l'etablissement je poussais la porte de la salle des profs.

- Vous enseignez quoi déjà?


Un petit sourire a mes levres.

- Mythes et Civilisations. Et vous ? Vous etes ici pour quoi?

Une pause, je la laissais rentrer et refermais la porte deriere nous.

- Bienvenue dans la salle des profs.

Je rentrai à sa suite. Elle était prof de mythes et civilisations. Comme j'imaginai ne pas être la seule "touriste" interspatiale, je supposais qu'elle avait beaucoup de boulot. Elle me retourna la question. Moi? Qu'est-ce que j'étais? Euh... Je souffrais, pendant les crises d'épilepsie, de troubles mémoriels. Un soupire et un bref coup d'oeil sur la pochette de carton qui contenait mes cours. Ah oui, ça me revenait.

- J'enseigne la philosophie. Je fais partie de ces vieux bibliothécaires rabougris heureusement en voie de disparition.

Un petit sourire en coin. Malgré la légèreté de mon ton, c'était malheureusement vrai. C'était peut-être pour ça aussi que j'avais fuit la France et le Monde en général, ce Monde qui vacillait sur ses propres fondations, se contredisant lui-même et trahissant sans scrupules ses idéaux. Non, je ne voulais pas faire partie de ces derniers dinosaures irréductibles, ceux qui pensaient encore que l'enseignement philosophique intéressait les jeunes. J'étais une cartésienne.

- Enfin, je suis là pour embêter un peu les brillants esprits qui se révèlent ici. Avec une science qui va leur changer un peu de la maîtrise de la magie.

La salle des profs était petite, mais bien équipée. Chaleureuse, je dirais. Bref, instinctivement, je m'y sentis bien. Je déposai mon sac près de l'espèce de comptoir qui devait servir de bar.

- Vous permettez que je me rende un peu plus présentable?

Je trouvai facilement les toilettes, abandonnant le professeur Van H pour quelques minutes. Oui, mais c'était pour la bonne cause. Devant le miroir, je réprimai un grognement. Je n'étais vraiment pas belle à voir. Le teint pâle, les taches de sang qui contrastaient violemment, les cernes bleuies.. Je passais sur mon visage un peu d'eau fraîche, frottant le sang roux. Allons bon, je n'étais peut-être pas très reluisante, mais j'étais toujours humaine, et surtout entière.

Je retrouvai Luka.

- Je ne vais pas vous demander de me faire visiter l'université. J'explorerai moi-même. Par contre... Hum... Comment dire? Cette ville, dois-je savoir des choses particulière, des choses à ne pas dire, une conduite à respecter?

Un leger sourire, je regardais Alexiane chercher quelque chose, comme un souvenir, comme une idée.

- J'enseigne la philosophie. Je fais partie de ces vieux bibliothécaires rabougris heureusement en voie de disparition.

Leger sourire a nouveau. Ainsi donc, elle enseignait la philosophie. Interessant.

- Je vois. Un bien vaste sujet que la philosophie. Mon cours aussi est plus théorique que magique.

Je laissais mon esprit vagabonder un rien. Pensant a la litterature, aux civilisations... A ce qui m'avait fait venir ici. Jude. Le reste. Qu'importe, tout etait fini maintenant.

Un soupir, je glissais une Lucky entre mes levres en attendant qu'elle revienne des toilettes. Alexiane Van Heidegger hein. Professeur de Philosphie. Terriene. Interressant. Nul doute que les jours a venir le seraient encore plus. La nouvelle team enseignante etait des plus rejouissante.

- Je ne vais pas vous demander de me faire visiter l'université. J'explorerai moi-même. Par contre... Hum... Comment dire? Cette ville, dois-je savoir des choses particulière, des choses à ne pas dire, une conduite à respecter?

Un sourire. Elle etait revenue, effectivement plus presentable et je lui lancais un sourire charmeur.

- Non, il n'y a pas grand chose a dire, ou a faire. En general il n'y a pas vraiment de problemes, et les autorités n'interviennent que trés peu. Si vous avez un probleme, ils vous font confiance pour le regler toute seule.

Leger rire de ma part.

- Enfin moi les problemes... Je sais de quoi je parle.

Une legere pause.

- Quand a la conduite en general, nous disposons d'une excellente auto ecole.

Je lui lancais un clin d'oeil pour lui signifier la plaisanterie.