One week later ... (pv Emilie)

"Eh bien... Tu as l'air heureuse d'etre encore en vie..."

Je ne répondis pas.
Il avait raison, j'étais ingrate.

"Comment tu vas? C'est un pouvoir plutot etonnant que tu as utilisé là... Quoique un peu dangereux..."

-Elle m'avait dit de ne pas l'utiliser tant que je ne saurais pas le maîtriser mais... Je ne pouvais pas te laisser mourir à cause de moi...Comment m'as-tu sauvé? J'étais en train de mourir...

J'avais faillit lui demander pourquoi il m'avait sauvé mais je m'étais retenu.
Même si j'étais bien dans le néant, je savais aussi que je l'aimais et j'osais espérer qu'il ressentait la même chose.

Je fermais les yeux à cause de la terre qui tournait trop vite à mon gout.

Mes mains me brûlaient encore et j'avais l'impression que mon petit tour pour sauver Maedhros n'avait fait qu'amplifier la douleur, ou en tout cas, la brulure qu'avait causé l'apparition des marques.

-Elle m'avait dit de ne pas l'utiliser tant que je ne saurais pas le maîtriser mais... Je ne pouvais pas te laisser mourir à cause de moi...Comment m'as-tu sauvé? J'étais en train de mourir...

Elle avait été hesitante dans ses paroles, troublée et ne sachant trop quoi dire. Je ne savais pas vraiment dans quel etat d'esprit elle se trouvait...

"Comment je t'ai sauvé... Euh... Eh bien... Avec ça, un elixir relativement puissant."

Lui dire que c'etait un souvenir de la seule femme que j'ai aimé à part elle? Lui dire que j'ai utilisé un cadeau d'une valeur inestimable pour la sauver? Elle semblait culpabiliser deja assez comme ça... Mais je devais etre honnete avec elle... Je l'aimais comme je n'ai aimé qu'une fois dans ma vie, alors elle avait le droit de savoir.

"C'etait un cadeau d'Elaridiel... La seule femme que j'ai aimé avant toi. C'etait il y a une centaine d'années..."

Un long soupir à l'evocation de ces souvenirs.

"Quand tu etais dans mes bras, à l'agonie, j'ai repensé à elle. Elle qui m'a été arrachée de force par le destin, et j'ai cru te perdre de la meme maniere..."

Je marquais une petite pause, se rememorer le passé etait bien plus difficile que je ne l'imaginais. Je reprimais un sanglot avant de reprendre.

"Alors... Alors j'ai utilisé l'unique souvenir qu'il me restais d'Elaridiel, ce bijoux rempli de l'elixir que tu as bu, pour te sauver. Je n'aurais pas permis que tu partes si tot alors que tu viens de rentrer dans ma vie, et quoi que tu dise ou que tu penses... Si une personne merite que je sacrifie l'unique que j'ai d'elaridiel, c'est bien toi... Parce que..."

Je m'approchais d'Emilie, la prenant dans mes bras.

"Parce que je t'aime."

Il me raconta comment il avait sacrifié l'unique souvenir de la femme qu'il aimait pour me sauver.

Je voyais bien combien cela lui coûtait de me révéler cela, de me parler d'elle, d'avoir sacrifié son souvenir.

Je n'avais rien dit, me contentant de l'écouter.
Mais que pouvais-je dire?
Qu'il avait eut tort de me sauver?
Qu'il n'aurait pas dut sacrifier son souvenir pour quelqu'un comme moi?

Il me prit dans ses bras en me disant.

"Parce que je t'aime."

En me disant ça, je revis l'image de la femme et des enfants que j'avais vu en le soignant et de tout ce que j'avais ressenti.

-Tu avais des enfants avec elle...

C'était plus une constatation qu'une question.

Je me demandais comment, après avoir aimé une femme aussi passionnément qu'elle, une femme aussi belle, une... Une elfe, comment il pouvait aimé quelqu'un comme moi?
Une humaine capricieuse, stupide et suicidaire.

Oui je souffrais de n'être qu'une humaine car je savais que je ne pourrais être à la hauteur de sa femme et je savais qu'un jour il se lasserait... Il allait me voir vieillir et... Mais rien ne me garantissait que notre amour durerait jusque là.

-Tu avais des enfants avec elle...

"... "

Des enfants... Oui, mes enfants... Qui sont morts en meme temps que ma femme...

"Oui... Trois enfants. Et... Le destin a jugé bon de me les enlever en meme temps que ma femme... "

J'avais l'impression d'avoir un poignard planté dans le coeur en prononçant ces paroles. Ils etaient tous morts parce que j'avais defié le destin. Je regardais Emilie les yeux plein d'espoir.

"J'ai tout perdu, absolument tout. Alors... Je ne veux pas te perdre toi. S'il te plait, reste à mes cotés..."

Je la serrais contre moi, je me jurais de tout faire pour la garder pres de moi. Je ne pouvais pas laisser Emilie sortir de ma vie.
Jamais je n'aurais osé imaginer que je laisserais mes sentiments prendre autant le dessus, qu'une personne en apprendrais autant sur moi en si peu de temps.

La pluie recommença à tomber montrant la tristesse que je ne parvenais pas à exprimer.

Je jetais un dernier regard aux paumes de mes mains à présent marqué à jamais.
Je jetais aussi un regard à mes cicatrices sur mes poignets, eux aussi marqué à jamais.

Un soupir.

Doucement, je me relevais.

Prenant appuis sur un arbre parce que la terre n'avait décidément pas l'air de vouloir s'arrêter de tourner.

-Rester avec toi... Tu sais que c'est ce que je vais mais quoi qu'il arrive nous serons tout de même séparé... Je suis humaine... Et une humaine bien faible... Je vais mourir et tu ne pourras rien faire pour l'en empêcher! Je ne suis pas... Elle!

Je fis quelques pas hésitant avant de m'arrêter, un peu trop chancelante.

-Tu cesseras de m'aimer quand tu en auras assez de mon sale caractère et de mes... Maedhros! Tu sais que je ne suis pas stable! Je ne pourrais pas te rendre heureux!

Je m'étais tourné vers lui.

Il devait en être conscient ou alors c'était qu'il avait perdu la raison.

Prononcer ces paroles me faisait mal mais je ne pouvais plus jouer la comédie, si il devait m'aimer, il devait m'aimer telle que je suis et non pas telle que je me montrais à lui.

-Rester avec toi... Tu sais que c'est ce que je vais mais quoi qu'il arrive nous serons tout de même séparé... Je suis humaine... Et une humaine bien faible... Je vais mourir et tu ne pourras rien faire pour l'en empêcher! Je ne suis pas... Elle!
-Tu cesseras de m'aimer quand tu en auras assez de mon sale caractère et de mes... Maedhros! Tu sais que je ne suis pas stable! Je ne pourrais pas te rendre heureux!

Ces paroles firent l'effet d'une douche froide. Je voulais parler, repliquer, mais à ce moment precis, apres ce qu'elle venait de dire, aucun son ne semblait vouloir sortir de ma bouche.
J'etais là, en train de regarder ce à quoi m'accrochait s'effriter. Je ne la comprennais pas, elle disait m'aimer, mais me repoussait à la moindre occasion, me laissant dans le flou, rempli de doutes et d'incertitudes.
Je m'eloignais alors un peu, allant m'asseoir sur un arbre couché, essayant de faire le point sur ce que je venais d'entendre, sur ce qu'elle pensait donc de notre relation.
Qu'est ce que je m'etais imaginé?
Que je pourrais avoir une veritable histoire avec elle?
Visiblement elle faisait tout pour m'en decourager... Et il semblerait qu'elle se debrouille plutot bien pour cela.
Alors que devais je faire? Que devais je penser?

Visiblement mes paroles le firent réfléchir.

Il alla s'asseoir sur le troc d'un arbre.

Se rendait-il compte qu'il avait fait une erreur en voulant sortir avec moi? En me sauvant la vie, sacrifiant le dernier souvenir de la femme qu'il aimait.

-Tu sais que j'ai raison... Que tu cesseras de m'aimer... Que tu me verras mourir... Je ne veux pas te faire affronter ça alors que tu as perdu ta femme et tes enfants!

Je fermais les yeux, retenant mes larmes.

La pluie tomba de plus belle.

-Je suis désolée...

Je me détournais et un d'un pas hésitant, je retournais vers la ville et le campus.

Je m'étais rendu compte que j'avais oublié ma guitare ainsi que mes mitaines sur le lieu du combat mais je ne me sentais pas le courage d'y retourner.

Les abandonner là-bas me brisait le coeur mais je n'avais pas le choix et à dire vrai, la seule chose qui m'importait c'était que je venais de quitter l'homme que j'aimais mais c'était mieux pour lui.
Je ne voulais pas le faire souffrir... Pas à cause de moi.

Moi... J'aurais tôt fait de m'ôter cette vie trop difficile, cette vie dans laquelle personne ne semblait vouloir m'accompagner, mis à part lui mais je ne pouvais pas lui infliger ma compagnie.

-Tu sais que j'ai raison... Que tu cesseras de m'aimer... Que tu me verras mourir... Je ne veux pas te faire affronter ça alors que tu as perdu ta femme et tes enfants!

Mais qu'avait elle en tete? Elle me parlait de sa mort à elle, alors que celles de ma femme et mes enfants avaient été forcées par le destin, par mes erreurs.

-Je suis désolée...

Ces mots atteignirent avec peine mes oreilles, et en cet instant, je n'avais pas grand chose à faire de ce genre d'excuses. Je restais incredule et destabilisé devant son incomprehension, mais elle se trompait en disant que je ne supporterais pas d'etre avec elle, que je ne supporterais pas de la voir mourir alors que je resterais en vie...
Le ciel etait obscurcit et la pluie battante avait detrempé le sol de la foret, pendant que je devinais du coin de l'oeil qu'Emilie s'eloignait vers la ville.
Elle devait s'eloignait alors que je me relevais, saisissant mon épée sous la pluie avant de m'enfoncer dans les profondeurs et la noirceur de la foret, sans un regard vers l'endroit que je venais de quitter ou un regard vers Emilie, sous l'obscurité des nuages noirs, a la recherche d'ennemis que je pourrais abattre pour apaiser ma colere.